Le terme « humanisme » vient du latin humanus (« humain ») et humanitas (« culture »), eux-mêmes formés à partir de homo (« homme »), ainsi que de l’italien umanista, qui désignait au XVe siècle un professeur de rhétorique. D’un point de vue général, l’humanisme désigne une philosophie qui place l’homme et ses valeurs au centre de toute réflexion, avec pour objectif l’épanouissement de ses qualités intellectuelles, morales et physiques. Sur le plan historique, il s’agit d’un grand mouvement intellectuel né en Europe à la Renaissance, caractérisé par un retour aux sources de la culture antique et une foi nouvelle dans les capacités humaines. Animé par un optimisme raisonné, ce courant touche tous les domaines : pédagogie, religion, politique et arts.
Son essor s’explique par plusieurs facteurs historiques. La redécouverte des œuvres antiques, d’abord : après la chute de Constantinople en 1453, des érudits byzantins s’exilent en Italie en apportant de nombreux manuscrits. Grâce à l’imprimerie, ces textes se diffusent rapidement en France et à travers l’Europe. Par ailleurs, la sclérose de l’enseignement médiéval, dominé par la scolastique, incite à rechercher de nouvelles méthodes pédagogiques. L’humanisme devient ainsi un mouvement de retour à la culture antique, accompagné d’un rejet du Moyen Âge, souvent qualifié de « barbare ». D’abord centré sur l’apprentissage de la rhétorique, il s’élargit bientôt à la philologie et à la traduction des textes anciens, avec des figures majeures comme Budé et Lefèvre d’Étaples. Mais l’ambition des humanistes dépasse le champ littéraire : ils entendent replacer l’homme au cœur de tous les savoirs.
La culture étant considérée comme le fondement de l’épanouissement humain, les humanistes accordent une place essentielle à l’éducation. Avec Érasme, puis Rabelais et Montaigne, ils renouvellent profondément l’enseignement, encouragés par la création du Collège des lecteurs royaux (futur Collège de France), dédié aux langues anciennes. L’élève doit s’inspirer des modèles antiques, pratiquer une imitation créative, qui nourrit son inspiration personnelle. L’enseignement, centré sur l’art oratoire et les lettres anciennes, reste ouvert aux sciences, aux arts, aux activités physiques et à l’apprentissage des règles d’hygiène et de vie sociale. Les méthodes, tout en maintenant l’importance de la mémorisation héritée du Moyen Âge, privilégient désormais la compréhension et l’esprit critique. L’épanouissement de chaque élève, accompagné de manière individuelle, reste au cœur de ce projet éducatif.
Dans le domaine religieux, certains humanistes évangélistes comme Érasme et Lefèvre d’Étaples voient dans les auteurs antiques une préparation à l’avènement du christianisme. Les méthodes critiques appliquées aux textes grecs et latins servent également à l’étude de la Bible : il s’agit de purifier le texte des erreurs et gloses accumulées au fil des siècles. Les humanistes prônent donc un retour direct aux Écritures, ce qui conduit à remettre en question certaines pratiques religieuses établies. Par cette lecture critique de la Bible, l’humanisme prépare la voie à la Réforme. Toutefois, leur optimisme concernant la capacité de l’homme à progresser moralement et spirituellement s’oppose à la vision pessimiste des Réformés, qui considèrent que seul l’homme touché par la grâce divine peut être sauvé.
Sur le plan politique, les humanistes défendent l’idéal d’une monarchie modérée et rêvent d’une société fondée sur le mérite individuel. Cette aspiration transparaît notamment dans le mythe de l’abbaye de Thélème chez Rabelais ou dans Utopia de Thomas More. Cosmopolites, ils considèrent les voyages et l’ouverture à d’autres civilisations comme essentiels à la formation de l’homme. Leur pacifisme est marqué : ils condamnent la guerre offensive, comme le montre Rabelais, tout en admettant la légitimité de la guerre défensive.
Enfin, dans le domaine artistique, l’homme et son corps deviennent des sujets centraux. La sculpture et la peinture, portées par des artistes comme Michel-Ange ou Léonard de Vinci, s’intéressent de près à l’anatomie. On retrouve ce souci du réel jusque dans la poésie, par exemple chez Ronsard. Les thèmes artistiques évoluent également : aux sujets religieux s’ajoutent des thèmes profanes et mythologiques, comme chez Botticelli (La Naissance de Vénus) ou Titien. Le portrait gagne lui aussi en importance, illustré notamment par Dürer ou Raphaël.